Suivi dans son laboratoire, Pierre-Loïc Saaidi décrit la technologie de chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse grâce à laquelle les chercheurs évryens ont pu analyser finement les sols martiniquais.
Ils ont ainsi démontré que la chlordécone que l’on pensait inaltérable, se dégrade en fait naturellement dans les sols, libérant ainsi dans l’environnement des quantités importantes de produits de transformation.
Une découverte surprenante qui donne l’espoir de voir disparaître progressivement une pollution prédite pour des dizaines voire des centaines d’années.
Pierre-Loïc et l’équipe du laboratoire envisagent maintenant d’une part de « briser les limitations analytiques » pour réduire le coût des analyses et parvenir à examiner des centaines d’échantillons de sols et d’autre part de poursuivre les collaborations « avec d’autres équipes sur des projets de dépollution ».
En savoir plus sur la chlordécone, problème majeur d’écologie et de santé publique aux Antilles
Les bananeraies des Antilles françaises ont été massivement traitées par la chlordécone de 1972 jusqu’à son interdiction totale en 1993. L’usage intensif du pesticide a pollué les sols, les eaux et le littoral antillais, et contaminé de ce fait les denrées animales et végétales.
Malgré les mesures de contrôle (surveillance des produits, restriction de certaines cultures, de zones de pêche…), la chlordécone est aujourd’hui encore détectée dans le sang de 90% de la population antillaise. Les études épidémiologiques en cours associent l’exposition chronique au pesticide à un risque accru de cancer de la prostate et au retard de développement chez le jeune enfant.