Marie Cambot développe au sein d’INNOVHEM des outils diagnostiques in vitro, en particulier un dispositif médical, pour améliorer la prise en charge de la drépanocytose, maladie génétique la plus répandue dans le monde.
Quelle est votre réaction à l’attribution de ce trophée ?
Marie Cambot : « Je suis très honorée d’avoir remporté le trophée Innovation de Créatrices d’avenir. Nous avons un ancrage très fort en Ile-de-France. Notre siège est à Genopole à Evry-Courcouronnes, nous avons des laboratoires à Créteil… et c’est la région française, après les DOM, qui compte le plus de patients atteints de drépanocytose. Ce prix nous apporte beaucoup de visibilité notamment auprès des associations de patients. Cette communauté de patients est en forte attente d’innovations médicales, car il y a encore beaucoup à faire pour optimiser la prise en charge de la drépanocytose. Elle est très motivée, très impliquée et comprend bien l’intérêt de ce que l’on fait ».
Quels sont les axes de développement d’INNOVHEM ?
Marie Cambot : « Nous travaillons sur l’amélioration de la prise en charge : notre projet est de développer à l’horizon 2023-2024 un dispositif médical, combinant des biomarqueurs de la maladie avec de l’IA, ceci pour mieux prédire la sévérité de la maladie. Notre innovation répond à un vrai besoin. Une enquête réalisée auprès de médecins a révélé que 90% d’entre eux considèrent ne pas avoir suffisamment d’outils diagnostic à leur disposition. Les outils existants, non spécifiques à la drépanocytose, ne sont pas assez précis. Or, il s’agit d’une maladie très complexe, dont la symptomatologie est extrêmement variable d’un patient à un autre. Définir précisément la sévérité de la maladie et prédire son évolution apportent des informations capitales qui permettront au médecin de proposer un traitement personnalisé à chaque patient ».
Quelle est votre histoire à Genopole ?
Marie Cambot : « L’histoire a commencé avant même la création d’INNOVHEM. Je travaille depuis longtemps dans le domaine de la thérapie génique et mon associé, le Pr Pablo Bartolucci, responsable de l’unité des Maladies Génétiques du Globule Rouge (UMGGR, Hôpital Henri Mondor, Créteil) a des projets collaboratifs avec Anne Galy, qui dirige le laboratoire Integrare (Inserm) à Genopole. Nous avons candidaté et avons été sélectionnés dans le dispositif Shaker puis dans Booster après la création d’INNOVHEM, qui nous a apporté un soutien constant, utile et bienveillant. J’ai participé récemment à l’opération Partner4Biotech, qui met en relation des sociétés accompagnées par Genopole avec des industriels ».
En bref : La drépanocytose en France et dans le monde
La drépanocytose, aussi appelée anémie falciforme, est une maladie génétique héréditaire touchant les globules rouges. Elle est caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine, principale protéine du globule rouge. Cette altération engendre la déformation des globules rouges, prenant alors un aspect en faucille.
C’est la maladie génétique la plus répandue au monde avec environ 5 millions de personnes atteintes et 300 000 naissances par an. Elle a été classée 4e priorité de Santé publique par l’OMS en 2006 et par l’ONU en 2008.
En France, priorité de Santé publique depuis 2004, elle atteint environ 30 000 personnes, dont l’espérance de vie est réduite de près de 30 ans. Apparue dans les zones impaludées (Afrique sub-saharienne, bassin méditerranéen, Inde), elle s’est répandue dans le monde, d’abord à cause des transports d’esclaves, puis en raison des flux migratoires. Les symptômes de la drépanocytose sont très variables. Les patients présentent une sensibilité accrue aux infections et souffrent d’anémie, de complications aigües (crises vaso-occlusives, syndromes thoraciques aigüs, AVC…) et chroniques touchant différents organes.