Le laboratoire Genoscope a participé à une étude génomique internationale retraçant pour la première fois la domestication de l’âne.
L’animal, adapté aux longs déplacements et aux milieux semi-arides aurait été domestiqué dans la corne de l’Afrique il y a 7 000 ans, lors de la désertification de la région du Sahara.
L’étude, qui révèle une histoire très différente de celle du cheval, rend ses lettres de noblesse à cet équidé moins majestueux, mais tout aussi utile à l’homme.
Genoscope, Centre national de séquençage, a participé au séquençage du génome de 207 ânes modernes vivant actuellement sur les différents continents, de 31 ânes anciens, à partir de dents ou d’ossements et de 15 ânes sauvages.
Menée par un consortium international impliquant notamment le Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse (CAGT), l’étude a élucidé une partie de l’histoire de cet animal particulièrement résistant, qui accompagne encore les activités humaines dans bien des régions du monde. L’âne consomme peu d’eau et de nourriture, est adapté aux tâches agricoles et au transport en conditions difficiles, comme en zones arides ou escarpées.
Les chercheurs montrent que la domestication de l’âne a commencé en une région unique de la corne de l’Afrique (Ethiopie, Somalie, Kenya) en ~5000 avant J.-C.
L’animal s’est ensuite répandu sur le continent africain et en Eurasie à partir de ~2500 avant J.-C, puis des sous-populations se sont différenciées en Asie centrale et orientale en ~2000 à 1000 avant notre ère.
Des apports génétiques depuis l’Europe occidentale et la région du Levant vers l’Afrique ont montré que les mouvements n’ont pas été à sens unique.
Les scientifiques ont détecté également une contribution, modérée, de l’âne sauvage au génome de l’âne domestique.
Ces premiers travaux, publiés dans Science en septembre 2022, révèlent un processus de domestication de l’âne très différent de celui du cheval, notamment des différenciations régionales marquées, liées peut-être à son rôle dans les sociétés humaines ou aux pratiques d’élevage.
Ils ouvrent de nouvelles perspectives de recherche, par exemple sur les bases génétiques de son adaptation aux milieux désertiques, utiles à la sélection en élevage et particulièrement d’actualité face au réchauffement climatique