Dans un article publié en octobre 2022 dans Life Science Alliance, faisant suite à une première publication en 2021, le jeune chercheur de Généthon Ai Vu Hong, accompagné de David Israeli et Isabelle Richard, a exploré le rôle de petits ARN non codants** groupés dans une partie de notre génome appelé Dlk1-Dio3 (DD en abrégé) dans la dystrophie musculaire de Duchenne***.
Sur la base de précédents travaux pointant la surexpression d’une vingtaine des micro-ARN DD dans le sérum et les muscles des patients atteints de myopathie de Duchenne, l’équipe a exploré expérimentalement le mécanisme.
Les chercheurs ont surexprimé 14 de ces micro-ARN dans le muscle et ont mesuré l’effet sur l’activité musculaire par une analyse du transcriptome. Ils ont ainsi révélé qu’ils agissent de manière coordonnée sur les mitochondries, les organites cellulaires responsables de la production d’énergie, en réprimant leur activité et en augmentant le stress oxydatif. Les mêmes dérèglements métaboliques ont été observés dans les muscles d’un modèle animal de la maladie et de patients atteints, là où la surexpression des microARN est naturelle.
L’équipe a confirmé l’action des microARN DD sur le dysfonctionnement mitochondrial grâce à un modèle cellulaire du muscle squelettique : les chercheurs ont partiellement éteint l’expression des microARN dans des myotubes (agencements de cellules musculaires préfigurant la fibre du muscle), obtenus in vitro à partir de cellules souches iPS. Ils observent alors le phénomène inverse : une amélioration de l’activité mitochondriale, notamment du processus de phosphorylation oxydative produisant la molécule source d’énergie des cellules, l’ATP. Ils démontrent ainsi l’implication des microARN DD sur le métabolisme mitochondrial.