L’étude, publiée dans la revue Environment International de février 2022, a été menée sur 202 femmes enceintes de la cohorte française EDEN par l’équipe de Jörg Tost au CNRGH et ses partenaires (universités de Grenoble et de Paris, National Center for Environmental Health à Atlanta, Harvard School of Medicine à Boston). L’exposition des femmes aux phtalates a été évaluée par la concentration de 11 métabolites de cette famille dans leurs urines, recueillies entre les semaines 22 et 29 de leur grossesse. Après leur accouchement, des modifications chimiques de type méthylations ont été recherchées dans l’ADN du tissu placentaire. L’ajout de groupements méthyls sur l’ADN est la modification épigénétique* la plus largement étudiée. Elle modifie l’expression des gènes, une forte méthylation conduisant le plus souvent à éteindre les gènes. La méthylation de l’ADN peut être induite par des contextes pathologiques, mais aussi par des expositions environnementales comme le tabagisme, la pollution atmosphérique ou l’exposition à des produits chimiques.
Les phtalates sont des produits chimiques largement utilisés dans les produits de soins et les matières plastiques, notamment les objets en polychlorure de vinyle (PVC). Ils sont considérés comme des perturbateurs endocriniens et pourraient affecter la fertilité, ainsi que le développement du nouveau-né et du fœtus in utero. Néanmoins, en raison de leur usage réglementé dans les jouets, emballages, cosmétiques…, le risque global pour la population est considéré comme faible. Le placenta est un organe critique pour le développement du fœtus. Il transporte les nutriments entre la mère et lui, et évacue les déchets. Il a été démontré que certains phtalates traversent la barrière placentaire.
Dans cette étude à grande échelle, menée sur 450 000 sites du génome humain susceptibles de subir des modifications épigénétiques, les chercheurs ont confirmé le potentiel des phtalates à modifier la méthylation de l’ADN placentaire. Ainsi, à l’exception de deux phtalates, tous induisent ces changements et tous, sauf un, conduisent à une méthylation accrue de l’ADN.