L’arrêt du tabagisme avant une grossesse est reconnu pour diminuer considérablement les risques pour la santé de la mère et l’enfant. Des travaux issus d’une collaboration avec des équipes de l’université de Grenoble, l’Inserm et le CNRS, auxquels a contribué à Genopole le Laboratoire Epigénétique et Environnement du CNRGH (CEA-Institut de Biologie François Jacob), dirigé par Jörg Tost, ont montré que l’effet du tabac perdure pendant la grossesse même si la femme en a stoppé la consommation.
Le tabagisme modifie notre épigénome
Le tabagisme est l’une des influences environnementales les mieux connues pour modifier la méthylation de notre ADN. C’est ce qu’on appelle l’épigénétique : des phénomènes qui modulent l’expression des gènes et qui, sans modifier la séquence d’ADN elle-même, peuvent se transmettre à la génération suivante. L’épigénome est une sorte de mémoire moléculaire associée physiquement aux chromosomes. Moins stables que les mutations génétiques, ces marques moléculaires se transmettent néanmoins sur quelques générations.
L’attache de groupements méthyles à l’ADN, ou « méthylation de l’ADN », en fait partie. Les changements de la méthylation de l’ADN qui apparaissent chez les fumeurs peuvent mettre plusieurs décennies à disparaître après l’arrêt de la cigarette et sont si reproductibles qu’ils peuvent renseigner sur leur passé tabagique.
Des altérations de l’ADN du placenta
De telles marques moléculaires ont déjà été observés dans les cellules du placenta dans des cas de tabagisme pendant la grossesse, mais aucune étude n’avait examiné l’effet du tabac avant la grossesse. À travers l’analyse de l’ADN du placenta de 568 femmes, les chercheurs ont mis en évidence que fumer pendant, mais aussi avant la grossesse génère des altérations persistantes de la méthylation de l’ADN.
Compte tenu du rôle vital du placenta dans le développement du fœtus, les altérations épigénétiques de son ADN pourraient avoir des conséquences sur le déroulement de la grossesse et la santé de l’enfant.