L’utilisation croissante de techniques d’imagerie médicale constitue une cause d’exposition de la population générale à de faibles doses d’irradiation ionisante, dont les conséquences restent peu documentées. Dans un article paru dans Cells, le laboratoire de Génomique et Radiobiologie de la Kératinopoïèse (CEA-Jacob/DRF/IRCM à Genopole et UMR-S 967 INSERM/CEA/Université Paris-Saclay, Fontenay-aux-Roses) s’est intéressé à l’impact de ces faibles niveaux de stress sur les cellules souches de l’épiderme humain. Ces cellules, qui assurent le renouvellement de l’épiderme pendant toute la vie de l’individu, sont les cibles privilégiées du développement des cancers de la peau de type carcinome.
Des organoïdes de peau humaine ont été produits par bio-ingénierie puis transplantés à des souris immuno-déficientes afin de reproduire un contexte de régénération in vivo, c’est-à-dire dans un organisme vivant. Les cellules souches et progénitrices (cellules de stade ultérieur, mais pas encore différenciées) ont été exposées à une faible dose d’irradiation, du niveau de l’exposition reçue lors d’un scanner (50 mGy), pendant la phase initiale de la génération du greffon.
L’imagerie quantitative a permis de montrer que ces faibles doses provoquent des altérations de la régénération et perturbent l’organisation des couches de l’épiderme (cf. figure).
Le développement de zones dysplasiques, constituées de cellules de morphologie anormale dans un environnement désorganisé, a été observé dans la couche basale de l’épiderme, accompagné d’un processus d’EMT (transition épithélio-mésenchymateuse). Ces zones sont similaires aux dysplasies observées pendant la phase précoce du développement de carcinomes cutanés.
Les résultats du laboratoire LGRK suggèrent qu’une faible dose de rayonnements ionisants, qui est sans effet sur un épiderme sain, peut provoquer des effets délétères dans un tissu en régénération.