Interview d’Antoine Prestat, PDG de Pep-Therapy
L’ANSM a autorisé le lancement du premier essai clinique de Pep-Therapy. Comment vit-on cette étape cruciale dans le développement d’une biotech médicale ?
Antoine Prestat : « C’est très excitant ! C’est un jalon extrêmement important ! Nous avons engagé tous ces efforts de recherche pour développer un vrai candidat médicament chez l’homme, en l’occurrence chez la femme … L’essai va démarrer en effet sur toutes les tumeurs solides puis cibler plus spécifiquement le cancer du sein triple négatif et le cancer de l’ovaire « platine résistant ». Deux pathologies extrêmement agressives qui connaissent peu d’alternatives thérapeutiques et pour lesquelles nous avons obtenu de bons résultats en préclinique. L’objectif de cette phase 1 est de mesurer la tolérance du produit mais nous pouvons espérer obtenir dès cette phase, des signaux positifs, un impact sur la maladie de patientes suivies dans l’essai ».
L’entrée en phase clinique vous ouvre à de nouveaux investisseurs ?
Antoine Prestat : « Oui en effet, nous venons de finaliser une nouvelle levée de fonds (Série-A) de 2,75 millions d’euros auprès d’un syndicat d’investisseurs internationaux: Italian Angels for Growth, Magna Capital Partner, Doorway, BAdGE, ainsi que nos investisseurs historiques : Seventure Partners et le Dr. Bernard Majoie. Nous nous réjouissons de ce financement qui pourra être étendu à d’autres investisseurs qui partagent notre vision du développement de PEP-Therapy.
Les fonds récoltés permettront de financer le développement clinique de PEP-010, notre médicament candidat. »
>> Retrouvez le communiqué de presse : PEP-Therapy lève 2,75 millions d’euros en série-A .
Comment va se dérouler cette étude clinique CleverPeptide ?
Antoine Prestat : « L’essai va démarrer dans les prochaines semaines auprès de 50 à 60 patientes qui seront traitées à l’Institut Curie et à Gustave Roussy, les deux principaux centres de lutte du cancer en Europe, ainsi qu’au centre François Baclesse, situé à Caen.
Le Pr. Christophe Le Tourneau, oncologue à l’Institut Curie et chef du département d’essais cliniques précoces et d’innovation (D3i) de l’Institut Curie, est l’investigateur principal de l’essai ».
Présentez-nous votre candidat-médicament ?
Antoine Prestat : « Notre candidat-médicament, PEP-010, est un peptide, c’est-à-dire une petite protéine dont la taille se situe entre les très petites molécules utilisées en chimiothérapie et les biomolécules de tailles plus importantes, que sont les anticorps.
PEP-10 présente des avantages des unes et des autres. Il est à la fois bien toléré et assez spécifique, tout en étant moins onéreux, puisque obtenu non par bioproduction mais via des technologies chimiques ».
Expliquez-nous son caractère innovant ?
Antoine Prestat : « PEP-010 intègre deux fonctions.
- Il est pénétrant c’est-à-dire qu’il a la capacité de pénétrer à l’intérieur des cellules, contrairement aux anticorps, et donc de porter son action sur des cibles intracellulaires.
- Il est aussi interférent, c’est-à-dire qu’une fois dans la cellule, il est capable d’agir, de bloquer un mécanisme moléculaire pathologique, induit par les interactions de deux protéines que nous avons identifiées.
PEP-10 est innovant du fait de cette double fonctionnalité et unique, « First in class », car le seul à cibler cette interaction, découverte par Sorbonne université. Sorbonne université a également designé le premier peptide qui a ensuite évolué, qui a été testé et validé par l’Institut Curie. Sorbonne Université et l’Institut Curie sont propriétaires du brevet dont Pep-Therapy détient une licence exclusive ».